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AccueilLa filière du livre en BretagneEn chantier

Transition écologique

Le livre et la lecture sont concernés de près par la notion de développement durable, de respect de l'environnement ou de pratiques responsables. Cette rubrique vise dans un premier temps à agglomérer les ressources produites par les acteurs du livre sur cette thématique, abordée encore trop à la marge, afin de nourrir les débats en Bretagne et au-delà.

Les acteurs nationaux

 

Association pour l'écologie du livre

L’ Association pour l’écologie du livre a pour objet d’œuvrer à la diffusion des idées de l’écologie auprès de l’ensemble des acteurs du livre et de la lecture, ainsi que de la société civile.
Fondée en juin 2019, elle regroupe une cinquantaine de membres (écriture, édition, librairie, diffusion, bibliothèque, éducation, recherche, etc.) et vise encore à s’élargir.

Consulter le site

 

La commission Environnement et Fabrication du SNE

Elle a mené en 2018 une enquête auprès des éditeurs sur la consommation de papier pour la fabrication de leurs livres. Elle en tire en 2020 des conclusions encourageantes.

Les principales conclusions de cette nouvelle enquête sont les suivantes :

  • En 2018, la consommation des éditeurs ayant répondu au questionnaire s’élève à 188 092 tonnes de papier.
  • Hormis les pics d’achat correspondant aux années de réforme scolaire et à la production de nouveaux manuels, à périmètre constant, les achats de papier de 2018 sont en baisse de 3% par rapport à ceux de 2013.
  • En 2018, 95% du papier acheté par les éditeurs interrogés est certifié ou recyclé. Ce taux a augmenté de 7% par rapport à l’année 2013 (88%).
  • Le volume de papier certifié acheté est plus important au sein des moyennes et des grandes structures (94%) qu’au sein des structures de petite taille (71%).
  • Le volume de papier certifié acheté est également plus élevé lorsqu’il est acheté directement par l’éditeur (97%) plutôt que via un imprimeur (83%).

Cette enquête vient enrichir et compléter la précédente édition publiée en 2017. Elle représente la consommation de 64 maisons, soit plus de 300 marques éditoriales et environ 75% des exemplaires publiés en France en 2018.

Cette enquête est disponible sur le site du SNE.

Consultez également les sept recommandations du SNE pour devenir un éditeur éco-responsable.

Une enquête a été menée par la Commission environnement et fabrication du SNE en 2021. Elle complète et enrichit la précédente édition publiée en 2018. Elle recense les
tonnages de livres transportés par les distributeurs pour les années 2018, 2019 et 2020. Consultez l'enquête sur les tonnages de livres transportés dans l'édition : retours, pilon et recyclage (2018-2020)

 

Le Labo de l'édition

Le Labo de l’édition, lieu dédié aux diverses transitions du monde de l’édition, est attentif à la question de la transition écologique au sein des industries culturelles et créatives et plus particulièrement au sein de la chaîne du livre. La réflexion amorcée depuis quelques années avait déjà pris une forme concrète avec la réalisation d’un livrable intitulé « Industries créatives et transition écologique : de la prise de conscience à l’action », publié en collaboration avec LINCC (Paris&Co).

Cette réflexion se poursuit aujourd’hui sous la forme du cycle de vidéos « Planète Livres » réalisé en association avec La Cabane Bleue, une maison d’édition jeunesse qui invite les enfants à prendre soin de la planète et qui a adopté dès sa création une démarche écoresponsable pour la production de ses ouvrages. Tous deux animés par la conviction que la question environnementale concerne la chaîne du livre dans son ensemble, le Labo de l’édition et la Cabane Bleue lancent une série de capsules vidéos qui présenteront à chaque fois un acteur différent – auteur, maison d’édition, libraire, bibliothèque, etc. – œuvrant à sa façon pour l’écologie et le développement durable.

Consulter le site web

 

WWF France

Le rapport Vers une économie plus circulaire dans le livre ? réalisé par WWF France en 2019, s’intéresse aux réalités et aux enjeux de l’économie circulaire dans le livre. L’étude s’appuie notamment sur une compilation de données factuelles et une vingtaine d’entretiens avec des acteurs des filières du livre, du papier et du recyclage.
Elle présente les différentes pistes d’amélioration qui permettraient de mieux valoriser le papier des livres, en leur offrant une seconde vie en tant que livre avant d’être recyclés, lorsque cela est nécessaire.

Consulter le rapport

 

La Commission Bibliothèques vertes de l'Association des Bibliothécaires de France (ABF)

La commission Bibliothèques vertes de l’Association des bibliothécaires de France (ABF) a désormais son blog : un outil de partage de ressources pour éclairer et valoriser les actions menées dans les bibliothèques, mais aussi aider et outiller des bibliothécaires sur les sujets d’écologie et de développement durable. L’agenda en ligne rassemble des événements et formations proposées sur le sujet par tous types de structures.
Consulter le blog de la commission


Acteurs en région

 

Le Collectif des festivals

Le Collectif des festivals accompagne les festivals de Bretagne vers plus de responsabilité sociale et environnementale.
Le Collectif des festivals rassemble les 32 signataires de la Charte des festivals engagés pour le développement durable et solidaire en Bretagne.
Sa mission est de favoriser la mise en commun des expériences et d’accompagner les organisateurs de festivals dans leurs démarches de responsabilité sociale et environnementale.
Il est également une structure ressource pour tous les organisateurs de manifestations culturelles de Bretagne.

Contact :
Cécile TALON
Chargée de mission développement durable auprès des manifestations culturelles
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
4 bis cours des Alliés - 35 000 RENNES
02 99 84 26 13 / 06 76 69 30 29

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Normandie Livre et lecture

Normandie Livre et Lecture (N2L) propose une réflexion régionale autour de l’écosystème du livre et de son impact social, environnemental et écologique.

Derrière ce projet, N2L espère fédérer des professionnels du livre de la région pour réfléchir à un écosystème plus juste, plus résilient et plus “écologique”. Des journées professionnelles seront proposées pour permettre à tous de comprendre les enjeux de ces problématiques et l’impact écologique de l’écosystème du livre, de découvrir des initiatives qui fonctionnent et de donner des clés pour essayer d’adopter une démarche responsable.

Ce nouveau projet s’adresse à l’ensemble des métiers du livre : auteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires, organisateurs de manifestations littéraires, de résidences et même imprimeurs, diffuseurs, distributeurs sans oublier le lecteur.

Consulter le site web
    


Textes ressources

Quelques évènements nationaux ont été organisés sur ce thème et permettent de conserver des traces pouvant servir de ressources pour les professionnels intéressés par la problématique.

L'ABF (Association des bibliothécaires de France) a publié en décembre 2020 le n°102-103 de sa revue Bibliothèque(s), dont le dossier "Vert-ueuses bibliothèques" coordonné par Amélie Barrio, est consacré à l'écologie

Commander la revue en version PDF sur le site de l'ABF

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Revue Bibliothèque(s), n°102-103, décembre 2020

Le dossier de la revue Pages de Bretagne (juillet 2021)

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Annie Le Guern-Porchet, directrice de l’Espace des Medias et des Arts et de la Médiathèque municipale de Languidic (56)   © Yann Peucat

 

Le livre demain : vers des pratiques professionnelles citoyennes et responsables ?

Un dossier réalisé par Stéphanie Stoll, paru dans la revue Pages de Bretagne, n°50, juillet-décembre 2021

 

En débordant sur le monde social et économique, la crise sanitaire actuelle fait surgir tant de questions : comment y survivre ? Et ensuite, que faire ? Reprendre le cours de l’existence ou la refonder ? L’Histoire montre que les crises peuvent déclencher ou rendre acceptables de profonds changements économiques et sociaux.

L’éventail des pratiques professionnelles citoyennes et responsables est large. S’il n’existe pas de définition stricte, diverses façons de l’aborder coexistent. Traditionnellement, la notion de développement durable s’assoit sur trois piliers (environnement, social et économie) et la culture est désormais considérée comme son quatrième pilier, notamment depuis la Déclaration universelle de l’Unesco sur la diversité culturelle (2001), la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles (2005).


« Avec la crise, le monde est réinterrogé, observe Charles Quimbert, directeur de Bretagne culture diversité (BCD) de 2012 à 2020. Sera-t-il propice à l’expression des droits culturels ? On sent que la crise invite à la relocalisation et donc à regarder autour de nous ce qui existe. Le territoire proche favorise-t-il l’expression de tous et l’accès à cette expression ? La crise actuelle accélère la réflexion sur ces questions, une réflexion qui a commencé dès 1948, avec l’article 27 de la Déclaration universelle des droits humains. La diversité existe dans la proximité, c’est paradoxal mais c’est aussi une invitation à se pencher sur notre environnement culturel proche. Une des conditions c’est que la relocalisation ne soit pas synonyme de repli : justement, dans nos villes et nos villages, aujourd’hui, les médiathèques sont un lieu pivot, c’est un lieu social qui remplace l’église ou la MJC. »


Au beau milieu de la crise, en janvier 2021, l’Association des bibliothécaires de France (ABF) a créé une commission dédiée au développement durable, un projet qui était en gestation avant l’épidémie. « C’est une notion très large, alors on a pris le parti de s’intéresser à l’éco-responsabilité des bibliothèques, explique Annie Le Guern-Porchet, responsable de la médiathèque de Languidic (7 800 habitants) et membre active de cette commission. Beaucoup de personnes ont répondu présentes pour cette commission, des petites bibliothèques comme Languidic, des grandes comme Strasbourg, des bibliothèques universitaires, des stagiaires dans le métier… L’idée est de mettre en avant ce qui existe déjà, de fédérer les acteurs et de donner des boîtes à outils. » Les questionnements sur les pratiques professionnelles sont foisonnants : réflexions sur les collections, choix de fournisseurs éco-responsables, recyclage des puces RFID, plastification des documents… « Le développement durable est un mouvement de fond international, les médiathèques ont leur place et la France doit y participer, juge la médiathécaire du Morbihan. Tout cela ne peut s’arrêter avec la crise sanitaire. » Localement, Languidic a mis en place une grainothèque, un troc vert auquel elle convie BookHémisphères (lire plus bas), une communauté d’entraide et d’échanges de savoir avec l’outil en ligne Steeple.

Un peu plus à l’ouest, la médiathèque de Moëlan-sur-Mer (7000 habitants) lance, ce printemps, en partenariat avec l’association OzActes, un club de lecture sur l’environnement, le climat et la santé. « Pour l’instant, on cherche à conquérir et fidéliser un public, observe Sylvie Lavondès, responsable de la médiathèque. Cette thématique est plus spécifique que les romans policiers, c’est moins facile. Donc on teste. »

À Paris, la libraire Anaïs Massola préside L’Écologie du livre, une association créée en juin 2019 et qui regroupe 180 membres, en majorité des professions du livre. L’Écologie du livre juge intenables les modes de production et de consommation actuels dans la filière du livre et propose d’en changer. « Il faut comprendre les interdépendances actuelles en imaginant qu’en se connaissant mieux, on peut imaginer d’autres modes relationnels, un peu comme dans l’alimentaire, espère Anaïs Massola. La question c’est comment penser une filière ? On est dans une filière industrielle, mais elle est déconnectée de la question de la lecture publique. Les réponses que l’on donne aujourd’hui, c’est mettre des pansements sur chacun des problèmes isolément. Fondamentalement, ça ne résout pas le problème de fond, l’industrialisation ; il faut réfléchir à des modes de production et de consommation différents : Quelle est la place de l’auteur dans le territoire ? Quelle est la place du lecteur ? Pourquoi la lecture est-elle si importante ? Le livre, c’est la circulation des idées et du savoir. Mais dans 50 ans, on n’aura peut-être pas la pâte à papier pour fabriquer les livres ou la capacité pour les transporter. Comment va-t-on faire ? »


BookHémisphères pourrait être un acteur représentatif de ces nouvelles conceptions autour de l’écologie du livre et du développement durable. Avant d’être une entreprise de 40 salariés, BookHémisphères s’est lancé, sous statut associatif, avec quatre salariés, en 2010 avec le projet de collecter et revendre les livres d’occasion tout en assurant des missions autour de l’insertion professionnelle. Après l’économie circulaire et l’insertion, BookHémisphères est également entrée dans le champ des entreprises coopératives en optant pour le statut de société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) en 2018 et vise l’obtention d’un label Responsabilité sociale des entreprises inclusives (SREi).
« Nos valeurs sont différentes de certaines entreprises commerciales parisiennes, dont l’aspect social est totalement sous-traité, la gestion des livres plus anciens sans code barre ignorée, la collecte sur un niveau européen et l’aspect financier l’objectif n°1 », commente Laure Le Maréchal, directrice administrative et financière. La crise a affecté l’activité
de l’entreprise, entravant les collectes et les ventes en braderie et dans la boutique de Kervignac (56) et boostant les ventes en ligne. Résultat, malgré 30 % de livres collectés en moins par rapport à 2019, le chiffre d’affaires de 2020 passe de 950 000 euros à 1,2 million d’euros. « Notre site www.livrenpoche.com a 18 ans, il est bien référencé, explique Laure Le Maréchal. Le livre d’occasion, et plus généralement l’économie circulaire, rentre dans les moeurs. J’espère que ça va continuer. »

En ce début d’année 2021, le statut coopératif a le vent en poupe dans le domaine du livre avec des projets qui se concrétisent (L’Établi des mots à Rennes, l’Angle rouge à Douarnenez) et d’autres qui se cristallisent (La Baraque à livres à Augan). Argyll, le projet de Xavier Dollo et Simon Pinel qui étaient déjà libraires dans la capitale bretonne, est né de ce temps suspendu que fut le premier confinement. « Nous avons compris que nous n’étions plus en phase avec le système actuel et nous avons lié nos questionnements personnels et professionnels, expose Xavier Dollo. Nous ne voulons plus être seulement des vendeurs de livres, nous voulons sortir de la chaîne traditionnelle du livre et la repenser. C’est le moment ou jamais de changer certaines choses. » Les deux compères ont laissé leur emploi pour modeler leur projet qui combinera maison d’édition, librairie collaborative et participative et incubateur de projets, le tout réuni dans un même lieu ouvert, un patient travail qui exige une formation aux méthodes de l’économie sociale et solidaire (ESS).

Même si la crise impacte l’activité de Cloître, l’imprimerie de Saint-Thonan (29) maintient le cap de l’éco-conception, une des marques de fabrique de l’entreprise : elle vient d’éditer son septième nuancier environnemental, remplit ses webinaires sur l’éco-impression et prépare la certification LUCIE (RSE). « Nous renforçons notre approche écologique, affirme Marie-Claude Franchet, responsable marketing et communication de Cloître, mais ce n’est pas facile quand la crise met nos clients à mal et que dans leurs arbitrages, ils finissent par privilégier les prix. »

Du côté des organisateurs de festivals aussi, la crise a été l’occasion de mener une réflexion sur le développement durable. « À chaque confinement, nous avons eu un pic d’inscriptions sur notre MOOC festivals en transition, observe Maryline Lair, la directrice du Collectif des festivals. Les personnes prennent du recul et profitent pour se former, on en a eu deux mille entre décembre 2019 et avril 2021. » À Rennes, Rue des livres est l’un des rares salons du livre à s’engager sur ce chemin. « Nous avons fait un diagnostic avec le Collectif et nous étions prêts pour l’intégrer dans notre édition 2020, mais elle a été annulée, commente Anaïs Billaud, la coordinatrice. Pour 2022, je ne vois pas d’obstacle à le faire car pour beaucoup d’aspects, il n’y a pas de surcoût, ce qu’il faut, c’est se poser les bonnes questions. Cela tient aux responsables des projets. »

Enfin, si l’égalité entre les femmes et les hommes est clairement identifiée parmi les sujets de citoyenneté, en témoignent les travaux de la commission Légothèque de l’ABF en matière de lecture publique ou l’apparition de rayons spécialisés en librairie, il n’existe guère de suivi systématique dans le secteur du livre, au niveau national ou régional. En Bretagne, plusieurs actions émergent toutefois comme l’organisation du salon féministe Dangereuses Lectrices à Rennes ou les travaux de l’association HF Bretagne dans les arts et la culture, notamment le suivi de la présence féminine dans le spectacle vivant. La prise en compte de cet enjeu pourrait s’avérer d’autant plus nécessaire qu’en mars 2021, le Forum économique mondial de Davos a documenté l’accentuation des inégalités entre les femmes et les hommes en 2020 à cause de l’épidémie de coronavirus.